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Souvent appelé le cheikh de l’islam pour sa vaste science et son courage à la propager. Il possède plusieurs écrits encore connu sachant que la plupart de ses écrits ont été brûles ou ont disparu. La compilation de ses fatwas reste son œuvre principale dont tirent profit beaucoup de savants du monde islamique. Qu’Allah lui fasse miséricorde ! Brève biographie : Le Croyant sans peur et sans reproche: Cheikh Al Islam, Ibn Taymiyyah Taqi Ed-Din Ahmed Ibn Taymiyyah né à Harran le 10 Rabi’ I 661H. Théologien et jurisconsulte, appartenant au hanbalisme. Issu d’une famille arabe qui avait donné à l’école hanbalite deux hommes fort connus, son grand-père paternel Majdou-Din (mort en 622H) et son oncle Fakhr Ed-Din (mort en 635H). Ibn Taymiyyah quitta sa ville natale avec son père Abd El-Halim (mort en 682H) et ses trois frères en 667H, devant l’arrivée des Mongols et se réfugia à Damas. Il fut très connu pour son militantisme. Son père dirigeait la médersa es-Soukariya de Damas, où il fut formé. Parmi ses maîtres il y avait Chams Ed-Din Abdel Rahman El Maqdissi (mort en 682H) qui fut le premier Cadi El Qoudat (juge suprême) hambalite de Syrie. Il succéda à son père, comme directeur de la médersa, le 2 mouharam 683H, donna sa leçon inaugurale à la Soukariya. Un an plus tard c’est-à-dire le 10 safar 684H, il commençait son enseignement d’exégète coranique à la mosquée des Omeyyade. Il accomplit le pèlerinage a la Mecque en 691/novembre 1292, et fut de retour a Damas en 692/25 février 1293. Il composa son premier grand ouvrage en 693/1293 dont le titre est le Kitab el-sarim el-masloul ’ala chatim er-Rassoul. Le 17 cha’ban 695H, Ibn Taymiyyah donnait son premier cours à la Hambaliya, la plus ancienne médersa hambalite de Damas, où il succédait à l’un de ses maîtres Zin ed-Din Ibn el-Mounadja, qui venait de mourir. En 696-9H, il fut chargé par le sultan El-Malik El-Mansour, d’exhorter les gens au djihad contre le royaume de Petite-Arménie. C’est en 698H qu’il composa, à la demande des habitant de Hama (Syrie), une de ses plus célèbre profession de foi "El Hamawiya El Koubra" (la grande Hamawiya), très hostile à l’ash’arisme (c’est une doctrine dont l’école enseigne une voie intermédiaire en l’école mou’tazila et celle des orthodoxes). Ses adversaires firent alors porter, de nouveau leurs attaques sur son credo et mirent en cause la rectitude de sa profession de foi "Wassitiya" écrite peu de temps avant la venue des Mongols à Damas. Deux conseils se tinrent, les 8 et 12 radjab 705H chez le gouverneur El-Afrem, de Damas. Le deuxième conseil, auquel participa Safi ed-Din El-Hindi (mort en 715H), un disciple de Fed-Din er-Razi (mort en 606H), constata que la Wassitiya était conforme au Coran et à la Sounna. Un troisième conseil se tint chez le gouverneur, le 7 cha’ban, à la demande du sultan. La Wassitiya ne fut pas condamnée, et le cadi shafi’ite Ibn Es-Sarsari (mort en 723H) disciple Mahmoud El-Isphahani (mort en 688H) donna sa démission. Les deux adversaires furent finalement mandés au Caire, où ils arrivèrent le 22 Ramadan 705H. Le lendemain même de son arrivée, ibn Taymiyyah comparut devant un nouveau conseil, qui se tint a la citadelle et auquel participaient, à côté de quelques hauts dignitaires de l’Etat; les quatre Juges suprêmes d’Egypte. Accusé d’anthropomorphisme ibn Taymiyyah fut condamné à l’emprisonnement. Il resta enfermé à la citadelle du Caire pendant près d’un an et demi. Jusqu’au 26 R 707H. C’est au cours de cet emprisonnement, que cette anecdote fut rapportée : «Ibn Taymiyyah fut mit avec les détenus du droit Commun et enseigna huit à dix heures par jour le fiqh (la jurisprudence), la loi islamique, et le Hadith (la tradition). Grâce à cet enseignement, certain détenus du Droit Commun, après leur libération finir, pour certains d’entre eux comme Cadi (juge) et d’autres comme Imam. Lorsque les autorités eurent vent de l’affaire, il le transfèrent dans une autre prison, et l’isolèrent dans une cellule. Remis en liberté, mais non autorisé à retourner en Syrie, Ibn Taymiyyah, qui continuait de dénoncer toutes les innovations (bid’a) qu’il considérait comme hérétiques se heurta bientôt à deux des Soufis les plus influents d’Egypte : Ibn ’Ata ’Alla (mort en 709H), un élève d’Abou El-Hassan El-Moursi, et Karim Ed-Din El-Amouh (mort en 710H). A la suite d’une manifestation populaire, il fut convoqué, en chawal 707H, chez le Cadi Shafi’ite Badr Ed-Din Ibn Djama’a qui l’interrogea sur la façon dont il comprenait la doctrine de l’intercession des saints Tawassoul el Istighatha (L’intermédiaire et l’aide d’une tierce personne) auquel il était contre. Autorisé à repartir pour la Syrie, il fut cependant retenu au Caire emprisonné quelques mois, à la prison des juges. Après sa libération, il se rendit en Syrie, lors de l’invasion Tatare. Encouragés par Ibn Taymiyyah, les habitants de Damas assurèrent eux mêmes la garde des murs de la cité. Le Cheikh Taqi Ed-Din Ibn Taymiyyah faisait chaque nuit le tour des remparts, incitant les gens à la patience et au combat, leur lisant les versets du Coran relatifs au Djihad et à la préparation constante au combat. Ibn Taymiyyah va remonter le moral des troupes qui se sont repliées à Hama. Il assure la victoire prochaine, a ceux qui doutent que la religion autorise de combattre les Tatars puisqu’ils sont devenus musulmans, il démontre non seulement la licéité mais la nécessité de mener contre eux le Djihad. "Si vous me voyez de leur côté", dit-il, "serait-ce avec un exemplaire du Coran sur la tête, tuez-moi !". Selon Ibn Kathir, Ibn Taymiyyah a grandement contribué au succès des mamlouks. Alors que le sultan envisageait de battre en retraite vers l’Egypte, c’est lui qui l’aurait convaincu de combattre. Il a donné une fatwa (interprétation) exemptant les combattants du jeûne et montra l’exemple en mangeant ostensiblement lui-même. Il a physiquement pris part au combat sous la bannière syrienne. Lundi 14 Ramadan 702H, Ibn Taymiyyah revient à Damas; accueilli dans l’allégresse pour le rôle qu’il a joué dans la victoire. L’arrivée au pouvoir de Baybars El-Djechnakir, proclamé sultan en 708H, allait rouvrir l’ère des persécutions. Dans la dernière nuit de safar 709H, Ibn Taymiyyah fut conduit, sous bonne garde, à Alexandrie, où il était assigné à résidence. Logé dans une tour du palais du sultan, on lui autorisa à recevoir ses visites et à écrire. Ibn Taymiyyah, pendant les sept mois que devait durer son exil, pu rencontrer à Alexandrie des Maghrébins de passage et composa d’importants ouvrages. Entre autres une longue réfutation (perdue) de la Mourchi d’Ibn Toumart, et le Rad ’ala el Mantiqiyin (la réponse aux logiciens, Bombay 1368H). Rétabli sur son trône le 1er chawal 709H, Mohammed Ibn Kalawoun libérait Ibn Taymiyyah et le recevait en audience au Caire (Bidaya wa n-Nihaya "livre du Début et de la Fin", tome XIV, page 53-54). Ibn Taymiyyah était de retour au Caire le 8 chawal 709H. Il devait y faire un nouveau séjour d’environ trois ans. Parfois consulté par Mohammed Ibn Kalawoun (El-Malik En-Nasir) sur les affaires syriennes, il continuait de donner un enseignement privé et de répondre aux nombreuses consultations dont il était l’objet. Il entreprit, dès cet époque l’élaboration de son traité de politique juridique, le "Kitab Siyasa ech-chari’iya", dont on peut situer la date entre 711H et 714H. Plusieurs des fatawi misriya (interprétations égyptiennes, Caire 1368H) datent aussi de cette période. Une nouvelle menace mongole vite dissipée ramenait ibn Taymiyyah à Damas, où il arrivait, après un court séjour à Jérusalem, le 1er dhou el qa’da 712H. El-Malik El-Nasir, qui l’avait précédé d’une semaine, était parti pour le pèlerinage; de retour à Damas le 11 mouharam 713H, il prenait diverses mesures de réorganisation administrative et financière. Un nouveau gouverneur, l’émir Tankiz (mort en 740H), avait été, d’autre part, nommé a Damas en rabi’ II 712H. C’est sous le proconsulat de Tankiz, qu’Ibn Taymiyyah vécut ses quinze dernières années. Promu comme un Moujtahid persévérant indépendant, il eut pour principal disciple Ibn Qayim El-Djawziya (mort en 751H) qui fit beaucoup pour la diffusion de ses idées et partagea quelques-unes de ses persécutions. Les rapports entre Hambalites et Ach’arites restaient souvent tendus, comme en témoigne l’incident qui, en mouharam 716H, opposa de nouveau les deux écoles sur le problème du dogme (Bidaya wa n-Nihaya, "Livre du Début et de la Fin" d’Ibn Kathir. tome XIV, pages 75-76). En 718H, une lettre du sultan interdisait à Ibn Taymiyyah de donner des fatawi (réponses canoniques) sur la répudiation contraires à la doctrine hambalite dominante. On lui reprochait de rejeter la validité de la réunion des trois répudiations en une seule et de considérer half (le serment) de répudiation comme un simple serment si celui qui le formulait n’avait pas l’intention de procéder réellement à une répudiation. Deux conseils se tinrent à ce sujet, sous la présidence, de Tankiz, en 718H et 719H. Un troisième reprocha à Ibn Taymiyyah d’enfreindre l’interdiction royale et le condamna à l’emprisonnement. Ibn Taymiyyah fut sur-le-champ, arrêté et enfermé à la citadelle de Damas. Il y demeura un peu plus de cinq mois et fut libéré, le 10 mouharam 721H, par un secret d’El-Malik En-Nasir. Sa présence, durant les années qui suivent, est encore signalée dans divers incidents de la vie religieuse ou politique d’Egypte et de Syrie. Le 16 chaban 726H, sans aucune autre forme de procès, Ibn Taymiyyah était de nouveau arrêté, et le droit de donner des fatawi lui était retiré, en vertu d’un décret du sultan, dont lecture était faite à la mosquée des Omeyyade. On lui reprochait sa Rissala sur "ziyarat el qobor" (réquisitoire sur la visite des tombes), dans laquelle il condamnait le culte des saints. Plusieurs de ses disciples furent arrêtés en même temps que lui. Ils devaient être relâchés peu de temps après, à l’exception d’Ibn Qayim El Djawziya (on trouvera le texte de la ziyarat el qobor, composé avant cette date). Enfin, il y a les témoignages qu’Ibn Taymiyyah apporte lui-même; dans son principal fatwa anti-mongol, le grand Docteur se rappelle la conversation qu’il eut avec un Tatar : l’un d’entre eux s’adressa à moi en disant : « Notre roi est roi, fils de roi, fils de roi, jusqu’à sept aïeux, alors que votre roi est le fils d’un client ». Je lui répondis : « Les pères de votre roi, dis je, étaient tous des mécréants, et il n’y a pas a être fier d’un mécréant. Bien plus, un mamlouk musulman est meilleur qu’un roi mécréant ». Parmi eux furent alors choisis des hommes de rang, des personnalités et des notables qui se rendirent avec lui à la cour du sultan des mongols, Ghâzân. Quand le sultan les vit, il questionna : "Qui sont ces gens ?’ - "Ce sont les autorités de Damas" lui répondit-on. Il leur accorda audience et ils se présentèrent devant lui. Le cheikh, s’avança le premier. Lorsque Ghâzân le vit, Dieu mit en son coeur un respect tellement grand à son égard, qu’il le fit approcher et s’asseoir, et le cheikh de se mettre à parler avec lui. Il l’informa du caractère illicite du sang des Musulmans. Il lui adressa rappels et admonitions. Ce à quoi Ghâzân répondit en obéissant. Grâce à Ibn Taymiyyah, le sang des Musulmans fut donc épargné, leur descendance protégée et leurs femmes sauvegardées. A ce récit, El-Bazzar ajoute un témoignage qui lui a été transmis par une personne en laquelle il déclare avoir confiance et qui remonte au cheikh Ibn El-Munadja. Un des notables ayant participé à l’entrevue avec Ghâzân, nous rapporta ceci : « Je me trouvais, en ce moment, avec le cheikh Ibn Taymiyyah. Il se mit, je veux dire le cheikh Ibn Taymiyyah, à parler au sultan Ghâzân citant les paroles de Dieu et de Son Messager sur la justice, etc. Elevant la voix contre le sultan, il s’accroupit et se mit à se rapprocher de lui tandis qu’il parlait, si bien que ses genoux furent près de coller aux genoux du sultan. Le sultan, avec cela, était totalement tourné vers lui, tendant l’oreille vers ce qu’il disait le fixant des yeux, sans se détourner. Du fait de l’intensité de ce que Dieu avait mis en son coeur comme amour et respect a l’égard d’Ibn Taymiyyah. Le sultan demanda à ses plus proches courtisans : "Qui est ce Cheikh ?" Il dit aussi quelque chose ayant cette signification-ci : "Je n’ai jamais vu personne de semblable à lui, personne dont le coeur plus ferme, ni rien qui ait eu plus d’impact en mon coeur que ses paroles, et je ne me suis jamais vu plus soumis à personne qu’à lui". On l’informa alors au sujet d’Ibn Taymiyyah, de sa science et de son action. "Aimerais-tu, lui demanda-t-il, que je restaure pour toi le pays de tes pères, Harran ? Tu t’y rendrais et il serait à toi ?" - "Non par Dieu ! répondit Ibn Taymiyyah. Nulle envie ne me porte vers les lieux dont Abraham a migré, et je n’échangerai rien contre eux !" Il se retira entouré de marques d’honneur et d’estime, Dieu ayant accompli à son égard ce qu’impliquait l’intention vertueuse qu’il avait eue de faire dont de lui-même pour chercher à épargner le sang des Musulmans, et lui ayant fait atteindre ce qu’il voulait. C’est aussi en raison de cette démarche que la plupart des prisonniers des Musulmans furent délivrés de leurs mains et rendus à leurs familles, et leurs femmes protégées». Il n’a pas hésité à intervenir auprès des Mongols, lors de leur invasion de la Syrie en 699H, pour obtenir la libération des prisonniers Musulmans, Juifs et Chrétiens. Quatre ans plus tard, c’est à nouveau en faveur de captifs qu’il écrit a un seigneur croisé de Chypre. Au sire Jôhan, ex-roi de Giblet (ville située au Liban), il demande de libérer ses prisonniers musulmans ou de les traiter avec bienveillance et de s’abstenir de leur imposer le baptême. Il compléta sa missive par une leçon de religions comparées. Ibn Taymiyyah se heurtait alors au juge suprême malikite Taqi E Din El-Ikhna’i, mort en 750H. Il trouvait aussi un autre adversaire influent dans la personne de ’Ala’ Ed-Din El-Kounawi, un disciple d’ibn Arabi, qui, après avoir dirigé le Dar Said es-Sou’ada’ (la maison du plus heureux des bienheureux) au Caire, venait d’être nommé cadi suprême Shafi’ite à Damas. Ibn Taymiyyah devait rester enfermé à la citadelle pendant plus deux ans. Il continua d’écrire et de donner des fatawi. De cette période datent plusieurs oeuvres qui nous sont parvenues et qui furent composées dans un but de justification doctrinale, en particulier le Kitab ma’aridj el ousoul "compendium des fondements" sur la méthodologie du fiqh "jurisprudence musulmane", le raf el malam et le Kitab Radd ’ala El Ikhna’i "La réponse a Ikhna’i" (Caire 1346H), où il s’en prenait à la personne de son adversaire avec violence et exposait longuement ses idées sur le culte des saints. Il admonestait les gens à éviter ce genre de culte qui n’agrée ni à Allah , ni a Son Prophète, Mohammed . L’oeuvre d’Ibn Taymiyyah est considérable. C’est à la suite d’une plainte d’El-Ikhna’i auprès du sultan que, sur l’ordre de ce dernier, le 9 djoumada II. 728H, l’on retira à Taymiyyah ses livres, son papier, son encre et ses plumes, ce fut son arrêt de mort. Cinq mois plus tard, Ibn Taymiyyah mourut à la citadelle, le 20 dhou el qa’da 728H. Il fut enterré, au milieu d’un grand concours de population, au cimetière des soufya, où sa tombe reste toujours visitée.