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Ce sermon de notre frère bien-aimé Soufiane Abou Ayyoub nous montre la valeur des savants et notamment lorsqu’un d’eux trouve la mort en l’occurrence le grand cheikh Abdullah Al-Ghoudayan. Ce sermon nous dit comme disaient quelques salafs : "Sans les savants, les hommes seraient vraiment tels des animaux..."

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Voici une lettre d'un étudiant qui nous raconte quelques anecdotes vécues avec le cheikh Al-Ghoudayan qu'Allah lui fasse miséricorde ! :

Salam alaikoum ;

On a perdu un grand savant, érudit dans le fiqh et ses fondements et un grand zahid (ascète) d'après ce que j'ai pu voir qu'Allah lui fasse miséricorde ! Je respecte beaucoup cet érudit pour sa science, sa sagesse et sa modestie, je ne ratai pas une occasion de le visiter quand j'allai à Dar al-Iftaa (centre d'émission de fatwas) ; d'ailleurs ces derniers mois lorsqu'on demandait après lui, on nous disait qu'il était en vacances ! Mais jamais cette réponse ne fut plausible à nos yeux, nous savions qu'il était malade et gravement.

Comment croire à cette réponse quand on sait que le cheikh a passé toute sa vie sans se lasser dans la science pure, l'appel au tawhid (monothéisme) et la réconciliation entre les gens ; en effet, le cheikh réconciliait les mariés en instance de divorce dans son bureau ; qu'Allah le récompense ! Plus de quarante années dans l'ifta ! Toujours au service des autres ! À plus de 80 ans il venait au bureau de l'ifta tôt le matin ! jusqu'après le dhohr. Il n'y a que la sincérité qui mène à cet élan de bonté, à cette envie d'être utile ! Je pense que c'est un exemple pour nous qui nous sentons vite lasser par l'invitation à l'islam et ses principes, mais non, cheikh qu'Allah lui fasse miséricorde, a toujours travaillé pour plaire à son Seigneur.

On peut se rappeler la belle conférence, même un peu difficile pour les novices francophones, que le cheikh nous a donnée à la mosquée des Mureaux en juillet 2009, jamais il ne disait non à un cours par téléphone, je me rappelle qu'il m'avait écrit son numéro sur un papier en 2005 me disant si quelqu'un souhaite une conférence appelle-moi ! La daawa était inscrite au cœur, imprégnée dans l'âme.

Je me souviens un jour dans son bureau, un homme est venu lui demandait une aide, car il était endetté, en une seconde, il ouvra son tiroir, y prit son carnet de chèques, y inscrivit une somme avec un naturel et une bonté qui surprennent. Qu'Allah lui fasse miséricorde ! La vie ne valait rien pour lui, lorsqu'on le voyait, on pensait que c'était un simple Bédouin sorti de nulle part au chimagh (keffieh saoudien) un peu froissé et mal positionné, à la tunique mal repassée et pourtant c'était le guide de la prière de Cheikh Saleh Al-Fawzan, Bakr Abou Zayd, Mohammed Ali-Cheikh et d'autres érudits et savants... Ne dit-on pas qu'Allah élève les gens par la science !

Son bureau nous accueillait bras ouvert, c'était toujours une joie de voir un savant vous sourire à la porte, le cheikh n'hésitait pas à jouait de son humour propre à lui, une façon de nous mettre à l'aise, de nous sentir un peu comme chez soi. Une fois j'étais assis sur un des fauteuils face à lui, il me dit pour me taquiner : « attention tu es assis sur le fauteuil des divorcés » ! Sachant qu'il recevait souvent des gens divorcés pour les réconcilier.

Une autre fois, je suis entré avec un autre frère pour quelques questions, le cheikh occupé avec une autre personne, ne nous a pas remarqués (comme on le croyait). Lorsque la personne sortit du bureau, le cheikh l'accompagna à la porte et soudain, nous encore assis, il la ferma à double tour ! Pensant que cheikh ne nous a pas encore remarqué, nous lui avons répété le salam, c'est là qu'il nous fixa en souriant et nous dit : « Allez c'est l'heure du café !! » Le cheikh, heureux de nous recevoir, sortit un panier avec un grand thermos de café saoudien et des dattes sucrées, il nous servit sans qu'il ne bût, il nous servit encore et encore et nous disait buvez mes frères, aujourd'hui c'est moi qui sers ! Nous, ravis autant qu'intimidés, lui dîment : Buvez donc avec nous ! Il répétait sans cesse non en souriant et en disant : « aujourd'hui, c'est moi qui sers ! » Qu'Allah lui fasse miséricorde ! La science se vêt de sa belle parure lorsqu'elle est appliquée si simplement ! Parfois seuls de simples gestes vous épanouissent le cœur et vous montrent la beauté de l'islam par de purs sentiments comme la modestie et l'affection.

Si un qualificatif pouvait résumer cheikh Al-Ghoudayan, c'est bien la modestie, et combien cette qualité sert dans la vie et l'au-delà ; celui qui est modeste pour Allah, Allah l'élève.

D'autres souvenirs me viennent à l'esprit en vous écrivant ces quelques lignes, le jour où cheikh passa un bon moment pour nous expliquer comment apprendre le Coran, plus tard, je me suis rendu compte que c'était son conseil perpétuel, car il nous le répétait souvent ; en résumé il nous exhortait : apprenez le Coran avec le tafssir (exégèse) à la main ! Le cours qu'il donna aux Mureaux confirma ce que je pensais, le Coran était pour lui un trésor, seule sa compréhension mène au succès.

Une dernière anecdote qui pour moi fut vraiment utile dans ma vie jusqu'à présent. Un jour un frère lui tendit une cassette où une personne exposait ses doutes sur le minhaj (la voie entreprise dans sa religion) d'une autre, il prit la cassette et la jeta et nous dit : « ne vous occupez pas de ces chamailleries, vous voulez connaitre le minhaj du prophète ! Nous dirent oui en chœur ! Il répondit : « lisez donc zad al ma3âd d'ibn Al Qayyim, vous avez tout ce qu'il vous faut, vous avez tout le minhaj du prophète alayhi assalam ! » Un conseil en or où les « on-dit » ne cessent chez certains de prendre tout leur temps et prévalent sur leur acquis scientifique et leur comportement.

Al Hamdoulilah, j'ai pu assister à la prière funéraire sur la dépouille mortelle du cheikh, la mosquée était remplie ! Quel beau pays que celui qui aime ses savants ! Le moufti Abdel-Aziz Ali-Cheikh se déplaça pour diriger la prière qu'Allah le récompense ! J'ai pu voir Cheikh Abdel-Aziz Ar-Rajihi ému aux larmes, malgré la foule et son âge avancé, il entra à l'endroit où le cheikh fut enterré, comme le fit aussi le Moufti, aveugle et âgé ! Quelle belle preuve de fraternité, c'était vraiment émouvant ! Cheikh Saleh Al-Louhaydan fit de même, on raconte qu'ils s'aimaient beaucoup, un amour sincère. Cheikh Abdel-Aziz Sadhan ému aux larmes répétait les condoléances, ainsi que Cheikh Abdel-Karim Al-Khoudeyr et Cheikh Saad Ach-Chathri. Des montagnes de science venues pour accompagner leur frère sous une chaleur torride et presque insoutenable. Ce sont vraiment des images qu'on n'oublie pas. Seul Cheikh Fawzan n'a pas pu être présent, car il était déjà en direction de Taif à la nouvelle de la mort de Cheikh.

Ce cheikh m'a marqué effectivement, j'ai voulu partager ces instants avec vous en espérant qu'ils vous seront utiles dans votre daawa, votre patience et votre modestie.

Qu'Allah fasse miséricorde à Cheikh et le fasse entrer dans son paradis.

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