Les temps forts de l’histoire islamique (24-27) : De l’empire ottoman à nos jours
Catégories
Full Description
- Les temps forts de l’histoire islamique
- L’empire ottoman
- Le sultan Muhammad Al-Fâtih (ﷺ)
- Le sultan Salîm (ou Sélim) 1er (ﷺ)
- Le monde islamique contemporain
- La colonisation européenne du monde musulman
- Les pays musulmans au lendemain de la première guerre mondiale
- Les pays musulmans au lendemain de la seconde guerre mondiale
- Les mouvements d’indépendance dans les pays musulmans
- L’illustre Muhammad Ibn cAbdilwahhâb
- Les enjeux d’aujourd’hui
- Les minorités musulmanes
- La question palestinienne
- L’appel à l’union islamique
Les temps forts de l’histoire islamique
Écrit par
Un groupe d’enseignants de L’université Imam Saud à Riyadh
Traduit et adapté par
cUmar âbû cAbdillah Al-Maghribî
Revu et corrigé par
L’équipe Islamhouse
Publié par
Le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)
www.islamhouse.com
L’islam à la portée de tous !
مِنَ الدَّوْلَةِ الْعُثْمَانِيَّةِ إلَى عَصْرِنَا الْحاضِر
باللغة الفرنسية
ألّفها : جماعة من العلماء
-حفظهم الله-
ترجمة : عمر أبو عبد الله المغربي
مراجعة : قسم الترجمة الفرنسي لدار اﻹسلام
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمنِ الرَّحِيمِ
Au nom d’Allah, L’infiniment Miséricordieux, le très Miséricordieux
Chapitres 24-27 :
De l’empire ottoman à nos jours
# L’EMPIRE OTTOMAN
# LE MONDE ISLAMIQUE CONTEMPORAIN
# LES ENJEUX D’AUJOURD’HUI
L’empire ottoman
Il est dans notre histoire islamique un Etat qui a joué un très grand rôle au service de l’Islam et des Musulmans, c’est l’empire ottoman qui a régné pendant six siècles.
Les Ottomans sont des turcs originaires du Turkestan, que les invasions mongoles ont obligé à émigrer vers l’Ouest. Ils s’installèrent en Asie mineure (actuelle Turquie) et là-bas, ils prêtèrent main forte à Aladin 1er, le sultan seldjoukide qui gouvernait la région, contre les Byzantins.
Pour les récompenser, ce dernier nomma leur chef Artaghane, gouverneur de la région d’Askâ Shahr, une cité située dans la partie sud-est de l’Anatolie, en Turquie. Cette province est située à la place de la ville byzantine de Dorylaion que les Musulmans connaissaient sous le nom de Dorylée. Cette ville sera le noyau de l’Empire.
A la mort d’Artaghane en 699 h., son fils cUthmân (Osman 1er), qui donnera son nom au futur empire, lui succéda. Osman 1er est considéré comme le véritable fondateur de l’empire ottoman, à la tête duquel, trente-six sultans se succéderont, parmi lesquels, bon nombre de chefs légendaires.
L’éponyme de l’Empire parviendra à conquérir un grand nombre de régions et de villes byzantines et à fonder son Etat en leur lieu et place.
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Le sultan Muhammad Al-Fâtih (ﷺ)
Né en 855 h. et mort en 887 h., Muhammad (Mehmet) Al-Fâtih est l’un des plus illustres chefs ottomans [si ce n’est le plus illustre]. Il doit son surnom d’Al-Fâtih (Le Conquérant) au grand nombre de ses conquêtes, dont la plus importante est indéniablement celle de Constantinople.
Ce calife de légende pénétra en Europe, conquérant, propageant la religion musulmane et élevant son étendard. Il conquit la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, de même que l’Albanie, la Bulgarie, bon nombre de ports se trouvant sur la côte ouest de la Mer Noire ainsi que plusieurs îles grecques. L’ère de Muhammad Al-Fâtih marque l’apogée des conquêtes ottomanes en Europe.
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Le sultan Salîm (ou Sélim) 1er (ﷺ)
Malgré un règne court (918- 921 h.), le sultan Salîm 1er compte également parmi les souverains ottomans les plus renommés.
Sous son règne, l’empire ottoman s’étendit en Asie et en Afrique où il annexa les parties arabes dont l’Egypte et l’Assyrie. A cette époque, le gouverneur (appelé Sharîf) du Hijâz[1] annonça sa vassalité à l’empire ottoman et Salim 1er adopta le surnom de « Gardien des Lieux Saints ».
Après la chute de l’état mamlouk en 923 h., le califat abbasside ne jouit plus du moindre statut en Egypte et Salim 1er, ainsi que les sultans turcs qui lui succéderont, adopteront alors le titre de Calife.
À l’onzième siècle de l’Hégire, l’Empire ottoman s’affaiblit et les nations européennes se mirent à comploter contre lui. Ajouté à cela, les mouvements séparatistes au sein de l’empire se développèrent et l’empire faiblit de plus en plus, jusqu’à être surnommé par les Européens « l’homme malade de l’Europe ».
Lors de la première guerre mondiale (1332 – 1337 de l’Hégire - 1914-1918), les Ottomans s’allièrent aux Allemands contre les forces de l’entente (Grande-Bretagne, France, Russie).
La guerre ayant débouché sur la défaite des puissances centrales (Allemagne, Italie, Autriche-Hongrie), l’empire ottoman sera démantelé et la Turquie sera réduite à ses frontières actuelles.
On y établira un gouvernement qui abolira le califat islamique et qui orientera la Turquie sur le chemin de l’occidentalisation. Le leader de ce mouvement sera Mustafâ Kamâl, qui se fera appeler par la suite « Kemal Atatürk », c’est-à-dire le Père des Turcs.
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Le monde islamique contemporain
Le treizième siècle de l’Hégire (19ème siècle ap. J-C.) est considéré comme le début de l’histoire contemporaine du monde musulman. Ce monde musulman se localise principalement sur deux continents : l’Asie et l’Afrique. Le plus grand nombre de musulmans se trouve en Asie, qui comptait encore récemment 580 millions de musulmans, c’est à dire entre 26 et 28% de la totalité des habitants asiatiques.
L’Afrique elle, compte environ 250 millions de musulmans, ce qui représente environ 60% des habitants. Et au regard de l’augmentation constante de ce pourcentage par rapport aux non-musulmans, on surnomme l’Afrique « le continent musulman » ou encore « le continent d’avenir » pour l’Islam.
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La colonisation européenne du monde musulman
En raison de son lien très fort avec l’histoire contemporaine du monde musulman, l’épopée coloniale européenne est la marque distinctive des liens entre le monde musulman d’un côté et les nations européennes de l’autre. Une entreprise qui débuta au dixième siècle de l’Hégire (16ème siècle ap. J-C.) pour se poursuivre jusqu’au milieu du quatorzième siècle de l’Hégire (20ème siècle). Tout au long de cette période, il y eut deux étapes principales dans cette colonisation européenne du monde musulman.
La première étape
Cette étape débuta au premier tiers du dixième siècle H. et sera menée par deux nations européennes, l’Espagne et le Portugal.
Nous savons que les Chrétiens d’Espagne ont mené une longue croisade contre les Musulmans en Ibérie musulmane et qu’ils se sont emparés des régions musulmanes l’une après l’autre jusqu’à ce que la capitale du dernier Etat, celui des Banû Al-Ahmar (Grenade) tombe en 897 de l’Hégire. Par cette chute, le soleil de la loi islamique cessa de briller dans la péninsule ibérique (connue chez les Arabes par le nom d’Al-Andalus).
Les deux nouvelles nations profitèrent des fruits de l’avancement de la civilisation islamique en Andalousie, et devinrent ainsi deux grandes nations. Puis elles partirent à la conquête de plusieurs régions du monde musulman, chacune d’entre elles s’accaparant une zone définie. Ainsi, le Portugal prit la direction de l’Orient où il concrétisa de nombreuses victoires sur les Musulmans. Ainsi, en 919 de l’Hégire (1553 ap. J-C), les Portugais prirent le contrôle du port d’Aden au sud de la presqu’île arabique (actuel Yémen) pour envahir l’année suivante Oman dans le golfe arabique. Voilà pour l’Asie.
Du coté africain, les Lusitaniens prirent un nombre important de grands centres sur les côtes mauritaniennes et sénégalaises de même qu’en Gambie, en Sierra Léone, au Nigeria, en Tanzanie, et en Somalie. Voilà comment le Portugal se rendit maître de nombreux centres musulmans importants en Asie et en Afrique. De plus, la colonisation d’Aden mena les Portugais vers le contrôle de la Mer Rouge et ces derniers essayèrent même de mettre la main sur les lieux saints au Hijâz.
L’Espagne, quant à elle, prit la direction de l’Océan indien pour mener ses conquêtes. La nation de Cervantes parviendra en 928 h. aux Philippines, où ils engageront contre les Musulmans une série de guerres extrêmement violentes qui dureront très longtemps.
La deuxième étape
Avec le temps, les puissances espagnoles et portugaises s’affaiblirent. D’autre nations européennes émergèrent et prirent le relais de la colonisation du monde musulman, de la domination de ses habitants et du pillage de ses richesses. C’est la deuxième étape de la colonisation européenne du monde musulman.
Dans cette période, trois nations se distingueront : l’Angleterre, la France et la Russie.
La Russie participa à une série de guerres contre l’empire ottoman et annexa le pays des Tatares musulmans en Asie mineure. Au début de l’année 1198 h., la superficie des régions musulmanes annexées par le pays des Tsars, atteignait les trois millions de kilomètres carrés.
La France de Napoléon, quant à elle, désireuse de couper la route commerciale des Indes à la Grande-Bretagne, envahit l’Egypte en 1213 de l’Hégire (1798 h.). Cependant, les Egyptiens lui tinrent tête et le « pays des droits de l’homme » fut contraint de se retirer d’Egypte. Apres cela, les Français se dirigèrent vers l’Afrique du Nord où ils réussirent à envahir l’Algérie en 1246 de l’Hégire (1830 ap. J-C), la Tunisie en 1299 (1881 ap. J-C), la Mauritanie en 1321 h. (1903 ap. J-C) et enfin le Maroc en 1331 h. (1912 ap. J-C).
En Afrique occidentale, l’ex « fille aînée de l’Eglise » imposa sa présence à plusieurs régions musulmanes comme la Guinée, le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire et Djibouti. Puis elle pénétra au cœur de l’Afrique, colonisa l’Afrique centrale en 1318 h. (1900 ap. J-C.) et se partagea avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne, les pays situés autour du lac Tchad. Tout ceci dans les deux premières décennies du quatorzième siècle de l’Hégire.
Il apparaît de tout ceci, que la France avait colonisé une grande partie des pays musulmans en Afrique tant au Nord qu’à l’Ouest ou au Centre. On estime la superficie colonisée par les Français en Afrique à plus de la moitié de la superficie du monde musulman.
La Grande-Bretagne, de son côté, rivalisait avec la France dans la conquête des pays musulmans. Sur le continent africain, elle colonisa au treizième siècle H. (19ème siècle ap. J-C.) la Gambie, le Nigeria, la Sierra Léone, la Somalie Britannique, le Soudan, et Zanzibar. La superficie totale des colonies britanniques en Afrique était équivalente à la moitié des colonies françaises sur ce même continent.
Aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, une autre nation européenne : l’Allemagne prit part à cette colonisation de l’Afrique. Les Allemands prirent en effet, au début du quatorzième siècle de l’Hégire, le Togo et le Cameroun.
Voulant également sa part du gâteau, l’Italie prit le contrôle de l’Erythrée ainsi qu’une partie de la Somalie, la baptisant Somalie Italienne, et envahit la Libye.
L’Espagne, imposa son contrôle au Sahara occidental marocain en 1331 h. (1912 ap. J-C) et le Portugal obtint la partie de la Guinée connue sous le nom de Guinée Portugaise.
Il nous apparaît de cet exposé, qu’à l’exception de l’Ethiopie, toutes les régions musulmanes d’Afrique étaient avant le premier conflit mondial, colonisées par les Européens. La superficie totale des musulmans occupée par les Européens était de 18 millions de kilomètres carrés.
En Asie, l’Angleterre parvint à occuper les côtes de l’Arabie commençant par Aden puis le sud Yémen, Oman, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et les Emirats Arabes Unis. Le perfide Albion, comme l’aimaient à l’appeler les Français, occupa également la presqu’île Indienne, les iles Maldives, la péninsule Malaise (à ne pas confondre avec la Malaisie péninsulaire) et le nord du Bornéo.
Les Pays-Bas, en occupant en 1214 h. (1909 ap. J-C) l’Indonésie, prirent également part à la colonisation du monde musulman en Asie.
Quant à la Russie, elle occupa une large superficie du Nord-est atteignant les quatre millions de kilomètres carrés.
La Chine annexa les parties limitrophes du monde musulman. Autrement dit, le Turkestan oriental, dont la superficie atteignait environ 1,7 million de kilomètres carrés.
Il nous apparaît que les nations européennes qui participèrent à la colonisation du monde musulman en Asie étaient la Grande-Bretagne, la Russie, les Pays-Bas, en plus de la Chine. La France, elle, se tailla la part du lion en Afrique.
Voilà la triste situation du monde musulman en Asie et en Afrique jusqu’au début de la première guerre mondiale. Quant à sa situation après ce conflit mondial, c’est un autre sujet que nous aborderons ci-dessous.
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Les pays musulmans au lendemain de la première guerre mondiale
Pendant la « Grande Guerre[2] » de 14-18, l’empire ottoman, nous l’avons vu précédemment, s’était allié à l’Allemagne contre la France et la Grande-Bretagne. Le Kaiser et ses alliés ayant été vaincus, la Grande-Bretagne et la France se partagèrent les colonies allemandes et les zones sous influence ottomane.
En Afrique, l’Angleterre prit le tiers du Togo et le rattacha au Ghana. Elle prit également une partie du Cameroun qu’elle rattacha au Nigéria et imposa sa souveraineté sur le Tanganyika (Tanzanie actuelle). La France, quant à elle, prit le reste du Togo et la plus grande partie du Cameroun. C’est ainsi que la plupart du monde musulman en Afrique devint un butin entre la France et l’Angleterre. L’Italie elle, ne conserva que trois bases : la Lybie, la Somalie et l’Erythrée. Il ne resta au Portugal que la Guinée. L’Espagne, elle conserva sa domination sur le Sahara occidental. Et puisque les pays arabes d’Asie étaient sous influence ottomane, ils furent également l’objet d’un partage entre l’Angleterre et la France. L’Irak, la Jordanie et la Palestine revinrent à l’Angleterre et la France hérita du Liban et de la Syrie.
En Asie, le reste du monde musulman demeura dans la même situation qu’avant-guerre, c’est à dire sous domination coloniale. L’Indonésie demeura sous domination néerlandaise et la Russie et la Chine conservèrent les régions musulmanes qu’elles avaient annexées.
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Les pays musulmans au lendemain de la seconde guerre mondiale
La Deuxième Guerre Mondiale[3] dura à peu près sept ans, de 1357 à 1365 h. (six années solaires 1939-1945 ap. J-C) et se solda par la défaite des puissances de l’Axe : Allemagne, Italie et Japon.
La défaite de l’Italie eut pour conséquence que ses colonies furent placées sous mandat des Nations Unies. Il était attendu que la domination des vainqueurs de la guerre (Grande-Bretagne et France) grandisse et que leur emprise sur les pays musulmans sous leur contrôle augmente, pourtant, grâce au mouvement d’indépendance en Asie et en Afrique, c’est le contraire qui se produisit.
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Les mouvements d’indépendance dans les pays musulmans
Après la grande guerre, des mouvements appelant à l’indépendance et à la libération se développèrent dans les pays musulmans.
Ces mouvements utilisaient la résistance armée et le Jihâd comme moyen d’obtenir cette indépendance et devant cela, les puissances coloniales n’eurent d’autre choix que de répondre à ces exigences de liberté et d’indépendance.
Ainsi, les dix années qui suivirent la deuxième guerre mondiale virent l’indépendance de pays musulmans dans les deux continents (Asie et Afrique). Il ne resta plus que l’Algérie en Afrique et le sud Yémen ainsi que quelques régions du Golfe en Asie. Cette soumission ne durera cependant que quelques années. En effet, la France sera contrainte d’abandonner l’Algérie en 1382 h. (1962) et l’Angleterre devra, en 1387 (1967), se résigner à renoncer au sud Yémen.
Avec l’indépendance des Emirats Arabes Unis, qui émergea sur le plan politique en 1391 de l’Hégire (1971), la quasi-totalité des pays musulmans étaient devenus indépendants et il ne restait plus que la Palestine que les colonisateurs avaient offerte aux Juifs, ainsi que l’Erythrée et une partie de la Somalie qu’ils avaient données à l’Ethiopie.
Aux Indes, au regard de ce que les Musulmans subissaient, un deuxième Etat (le Pakistan) fut créé pour eux dans la région. Puis le Pakistan oriental fit sécession en 1391 h. (1971) pour devenir le Bangladesh.
L’indépendance acquise par les pays musulmans fut le résultat d’une formidable lutte et d’un combat continu contre les puissances coloniales, en particulier la France et l’Angleterre. Un jihad et une résistance fortement imprégnés de l’esprit islamique qui avait commencé à se diffuser et à s’emparer des consciences dans les différents pays musulmans. Et cet esprit islamique à son tour, fut le fruit des mouvements réformateurs. Ces nombreux mouvements ont couvert la plupart des pays musulmans d’Asie et d’Afrique : aussi bien en Egypte qu’au Soudan, en Afrique occidentale, en Arabie, aux Indes et ailleurs.
Ces mouvements ont tous en commun qu’ils appelaient à retourner à la religion musulmane dans sa pureté et son authenticité, ils étaient tous issus de la volonté de débarrasser les sociétés musulmanes des innovations et légendes qui s’étaient ancrées en elles, et tous agissaient en vue de libérer les pays musulmans en les affranchissant de la colonisation.
La plupart de ces mouvements réformistes virent le jour au treizième siècle de l’Hégire (dix-neuvième siècle). Beaucoup d’entre eux furent influencés par le mouvement réformateur dont l’imam Muhammad Ibn cAbdilwahhâb (ﷺ) a été l’instigateur au douzième siècle en Arabie.
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L’illustre Muhammad Ibn cAbdilwahhâb
L’érudit Muhammad Ibn cAbdilwahhâb vint au monde en 1115 de l’Hégire (1703 ap. J-C) dans la ville de cUyaynah. Il étudia les sciences religieuses avec son père qui était juge puis partit approfondir ses connaissances chez les jurisconsultes de La Mecque et de Médine. Il partit ensuite à Al-Basrah (Bassora) pour parachever son éducation et profiter de ses grands savants.
Grâce à sa grande clairvoyance, le sheikh réalisait bien la faiblesse et le retard civilisationnel dont souffrait le monde musulman de même qu’il cernait les ruses et les machinations ourdies par ses ennemis. Il imputa cela à l’éloignement des Musulmans des croyances authentiques et voyait que le seul moyen, par conséquent, de réformer cette situation, était de corriger la croyance et de diffuser l’esprit du Jihâd parmi eux.
Le cœur de la prédication du sheikh était le retour à la croyance islamique, la croyance robuste et claire des pieux prédécesseurs. C’est pour cela que sa prédication fut surnommée la prédication salafiste[4].
Cette prédication rencontra des esprits ouverts et des âmes assoiffées parmi les Musulmans et ce, pas seulement en Arabie, mais également aux quatre coins du monde musulman. Le résultat sera que beaucoup de réformateurs en Egypte, en Assyrie, en Afrique et en Inde seront influencés par cette prédication.
Parmi ceux qui ont été influencés par la prédication du sheikh, on retrouve Djamâluddîn Al-Afghânî et le sheikh Muhammad cAbduh en Egypte et en Assyrie, Khayruddîn At-Tûnisi (le Tunisien), Ibn Bâdîs en Afrique du nord et Ibn Fûdî en Afrique occidentale.
Ces personnes furent influencées par la prédication de cet érudit et joignirent la nécessité d’un retour à l’Islam authentique et pur avec la recherche de l’honneur et de l’affranchissement de l’esclavage. Le résultat final des efforts de ces réformateurs sera l’indépendance et la libération de toute tutelle des pays musulmans en Afrique comme en Asie.
Il est important de souligner que, malgré ce qu’elle rencontra comme inimitié dans divers endroits du monde musulman, les attaques et la diffamation dont elle fut l’objet, la prédication du sheikh connut un beau succès. Les causes de cette inimitié étaient notamment la caricature que les colonisateurs faisaient de tout mouvement islamique à caractère réformateur, mais aussi le discrédit jeté par les Ottomans qui craignaient que cette prédication ne prenne le dessus en Arabie, et également la dépendance des gens à l’imitation aveugle de leurs chefs, leur résistance au changement ainsi que l’ignorance de sa véritable essence.
Que celui qui désire connaitre la réalité de cette appel aille vérifier dans les livres de son auteur et qu’il fasse la comparaison entre ceux-ci et le Coran et la Sunna ainsi que ce qui a été rapporté des pieux prédécesseurs !
Le but central de la prédication salafiste pour laquelle Muhammad Ibn cAbdilwahhâb (ﷺ) œuvra est le monothéisme. Parmi ce qu’il a dit sur le sujet, on retrouve :
- « Et si on te demande : « qu’est-ce qui caractérise l’adoration unique d’Allah ? »
- La réponse est : « Lui obéir en exécutant Ses ordres et en s’écartant de Ses interdits ».
Et si on te demande :
- « Quelles sont les types d’adorations qui ne conviennent qu’à Allah ? »
- Réponds : « Parmi ces types : l’invocation, la demande de secours, le sacrifice, le vœu, la peur, l’espoir, la confiance, la résipiscence, l’amour, la crainte, le souhait, la crainte révérencielle, la déification, l’inclination, la prosternation, la dévotion, l’humiliation... ».
Le cheikh Muhammad cAbduh (ﷺ) en Egypte atteste dans l’unicité pure que l’homme ne doit se soumettre à personne excepté au Créateur des cieux et de la terre, Celui qui domine tous les hommes (c). Ainsi, de cette croyance résulte une âme libre et noble, à la volonté libérée des carcans qui l’enchaînaient à la volonté d’autrui, que cette volonté soit une volonté humaine qu’il croyait semblable à la volonté divine (comme la volonté des chefs et de ceux qui dominent) ou une volonté fantasmée sortie de l’imagination comme ce que l’on voit sur les tombes, les pierres, les arbres, les astres etc. De plus, sa détermination se libère de l’emprise des intermédiaires, intercesseurs, devins, voyants, ceux qui prétendent contrôler les secrets, et ceux qui s’approprient l’autorité sur la relation entre le serviteur et son Seigneur, prétendant être les intermédiaires à la réussite et les détenteurs du pouvoir de rendre heureux ou malheureux.
En Afrique de l’Ouest, cUthmân Ibn Fûdî (ﷺ), qui fut lui aussi influencé par la prédication du cheikh Muhammad Ibn cAbdilwahhâb a écrit dans « Wathîqat ahli sûdân wa man shâ Allah min al-ikhwân » : « et sachez mes frères qu’ordonner le bien est obligatoire, qu’interdire le blâmable est obligatoire, que migrer des pays mécréants est obligatoire, que s’allier aux Musulmans est obligatoire et que le Jihâd est obligatoire. »
On a rapporté du sheikh cAbdulhamîd Ibn Bâdîs (ﷺ) d’Algérie – lui aussi influencé par la prédication du sheikh Muhammad Ibn cAbdilwahhâb – la parole suivante :
« Et comme une partie des Musulmans innovèrent dans le fait de danser, de faire de la musique, de tourner autour des tombes, d’y faire des vœux pieux, des sacrifices et des invocations pour ceux qui y sont enterrés, d’embrasser ses pierres, de leur faire des offrandes, d’y brûler de l’encens et de les parfumer, toutes ces innovations en soi funestes car ce n’est pas ce que Muhammad (m) et ses compagnons (j) après lui faisaient pour gagner la Demeure Dernière. Celui donc qui le fait prend des pêchés et n’est pas gratifié ».
Quant à Muhammad Iqbâl (ﷺ) en Inde, il a dit à propos du monothéisme :
« Le monothéisme joue aussi bien un rôle prépondérant dans la vie des nations que dans celle des individus. Donc tout comme l’individu devient « Rabbânî » (savante, obéissante à Allah et éducateur) par l’unicité, la nation le devient par l’unicité. Par conséquent, si l’homme croit en l’unicité d’Allah et ne soumet son cœur qu’à Lui, il devient paré des caractères de la « Rabbâniyah » et si les individus d’une société se parent des caractères d’Allah, ils dépassent toutes les nations du monde et obtiennent la force et le respect. »
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Les enjeux d’aujourd’hui
Les Musulmans sont aujourd’hui plus d’un milliard dans le monde et se répartissent principalement en Afrique et en Asie. Le continent africain a cette particularité que les Musulmans y représentent la majorité des habitants (environ 60%). Aujourd’hui, les Musulmans souffrent de nombreux maux, causés notamment par la colonisation et la lutte de pouvoir entre l’Est et l’Ouest (guerre froide). La situation des minorités musulmanes demeure un des problèmes essentiels auquel doivent faire face les musulmans de cette époque.
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Les minorités musulmanes
De nombreux pays dans le monde comptent une minorité musulmane. Cette diaspora rencontre à cause de certains Etats, de nombreuses difficultés sur le plan politique, économique, et professionnel.
En Asie, il existe des minorités musulmanes en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie, en Thaïlande, à Singapour et aux Philippines. La minorité musulmane des Philippines est célèbre pour le Jihâd qu’elle fait depuis un certain nombre d’années maintenant. En Afrique, il y a des minorités musulmanes notamment au Kenya, en Ouganda, au Malawi, au Ghana, au Liberia et au Burundi.
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La question palestinienne
La situation en Palestine est également l’un des problèmes les plus sensibles qu’affrontent les Musulmans aujourd’hui. La Palestine est arabo-musulmane depuis des siècles mais les puissances coloniales, avec à leur tête la Grande-Bretagne, ont préparé le terrain à des Juifs xénophobes pour qu’ils y établissent un Etat à eux, et ceci aux dépens de la population autochtone arabe.
Ainsi, en 1367 de l’Hégire (1948) la création de l’Etat d’Israël fut décrétée. Depuis, les Palestiniens, vivant ou non en Palestine et soutenus par leurs frères arabes et musulmans, combattent pour reprendre leurs droits sur leur pays.
Ce soutien s’est incarné sous forme d’une série de conflits opposant ces derniers à l’Etat sioniste. Avec la persistance de la lutte palestinienne soutenue par les arabo-musulmans, il reste un fort espoir d’une victoire du vrai sur le faux, une victoire dont les prémices ont déjà commencé à apparaître.
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L’appel à l’union islamique
La capacité des Musulmans à affronter et surmonter les différents problèmes viendra de l’entraide. C’est pour cela que vit le jour l’appel à l’union islamique, dont la nécessité et l’importance furent pressenties par les pays musulmans et l’étendard brandi par le Royaume d’Arabie Saoudite.
L’essence de cet appel est de former un bloc islamique fort et influent, au sein duquel l’entraide politique et économique serait réalité, pour ainsi de surmonter les difficultés et répondre à ses besoins.
[1] NdR : région qui se trouve dans l’actuel ouest de l’Arabie Saoudite, et qui comprend notamment les deux cités sacrées : La Mecque et Médine.
[2] Les causes qui ont conduit au déclenchement de la Première Guerre Mondiale sont multiples. La plus importante est l’apparition des alliances et des blocs internationaux ainsi que la volonté de l’Allemagne d‘entrer dans le terrain de la colonisation et de résister à la Grande-Bretagne pour que son influence augmente. Le déclencheur fut l’assassinat, en Serbie, de l’archiduc François Ferdinand, héritier de la couronne d’Autriche-Hongrie.
[3] Les causes du second conflit mondial sont l’apparition d’Hitler - qui refusera les accords de paix auxquels étaient parvenues les nations européennes - à la tête du parti nazi en Allemagne et de Mussolini à celle du parti fasciste en Italie. Ajoutée à cela, l’apparition de deux grandes forces due à l’alliance des grandes puissances. On eut donc d’un côté le camp de l’Axe, composé de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon, et de l’autre, celui de l’Alliance composé de la France, de l’Angleterre et des Etats-Unis. L’étincelle qui déclenchera la guerre sera l’occupation par l’Allemagne de la Tchécoslovaquie et du couloir de Dantzig.
[4] NdR : le terme arabe « salaf » signifie « prédécesseur ».